Introduction
Dans le cadre du projet SEVR-SMC, une délégation de chercheurs burkinabè a pris part à la 8ᵉ Conférence Panafricaine sur le Paludisme, qui s’est tenue du 21 au 27 avril 2024 à Kigali, Rwanda.
L’événement, organisé par la Multilateral Initiative on Malaria (MIM) Society, avait pour objectif de réunir les experts en paludisme afin de partager les dernières avancées scientifiques, renforcer les collaborations et élaborer des stratégies pour une élimination durable du paludisme en Afrique.
Le Burkina Faso, à travers son équipe du projet SEVR-SMC, a activement contribué aux échanges en présentant une étude innovante sur l’association entre le variant CYP2C8 et la survenue d’effets indésirables chez les enfants recevant la chimioprévention saisonnière du paludisme (CPS).
Une délégation engagée pour la recherche sur le paludisme
L’équipe du Burkina Faso, composée de Dr Issaka ZONGO, Yves Daniel Compaore, Dr Charles Zoungrana, Dr Romari Zerbo, Dr Abdoul Mohamine Ilboudo, Alassane Haro et Abdoul Aziz Sienou, a présenté ses résultats sur l’impact génétique du variant CYP2C8 dans la tolérance aux traitements antipaludiques utilisés dans la CPS.
Présentation scientifique : Association entre le variant CYP2C8 et les effets indésirables sous AQ+SP
L’étude menée dans le cadre de SEVR-SMC s’est focalisée sur la tolérance et la réponse aux médicaments sulfadoxine-pyriméthamine (SP) et amodiaquine (AQ), largement utilisés dans la chimioprévention saisonnière du paludisme chez les enfants.
Objectif de l’étude
L’objectif principal était d’analyser l’association entre la présence du variant génétique CYP2C8 et la survenue d’effets secondaires chez les enfants recevant la CPS (AQ+SP) au Burkina Faso.
Méthodologie
- Collecte d’échantillons sanguins chez des enfants ayant participé au programme SEVR-SMC.
- Analyse génétique du variant CYP2C8, connu pour influencer le métabolisme de l’amodiaquine.
- Évaluation des effets indésirables observés après l’administration des médicaments CPS.
Résultats principaux
- Une fréquence significative du variant CYP2C8 a été identifiée chez certains enfants.
- Ces enfants présentaient une tolérance réduite aux traitements antipaludiques, avec une incidence plus élevée d’effets indésirables tels que des troubles gastro-intestinaux, des réactions cutanées et des manifestations neurologiques légères.
- L’étude met en évidence la nécessité d’une approche personnalisée dans l’administration des traitements CPS, en intégrant des tests génétiques pour optimiser l’efficacité et la tolérance des médicaments.
Implications et perspectives pour la lutte contre le paludisme
Cette recherche innovante souligne l’importance de la pharmacogénomique dans l’optimisation des stratégies de lutte contre le paludisme.
1. Vers une approche personnalisée de la CPS
L’identification du variant CYP2C8 comme facteur de risque pour les effets indésirables sous AQ+SP pourrait permettre d’adapter les traitements préventifs et d’améliorer la sécurité et l’efficacité de la chimioprévention.
2. Renforcement des études sur la pharmacogénétique en Afrique
Ces résultats ouvrent la voie à des recherches plus approfondies sur la variabilité génétique des populations africaines face aux traitements antipaludiques, un domaine encore peu exploré.
3. Intégration de la génétique dans les politiques de santé publique
Les recommandations issues de cette étude pourraient contribuer à améliorer les politiques de prévention en proposant des solutions adaptées aux caractéristiques génétiques des populations ciblées.
Un impact fort pour la recherche au Burkina Faso
Grâce à la présentation des résultats du projet SEVR-SMC, la délégation burkinabè a renforcé sa visibilité scientifique et consolidé des collaborations avec d’autres chercheurs et organisations internationales.
L’étude a suscité un grand intérêt auprès des experts présents à la conférence, ouvrant des perspectives pour des financements et des recherches complémentaires sur la tolérance aux traitements CPS en Afrique.
Conclusion
La participation du projet SEVR-SMC à cette 8ᵉ Conférence Panafricaine sur le Paludisme marque une avancée majeure dans l’étude des interactions entre facteurs génétiques et traitements antipaludiques.
Les résultats obtenus pourraient permettre d’améliorer l’efficacité des interventions de prévention et d’optimiser la prise en charge des enfants recevant la chimioprévention saisonnière du paludisme.
Grâce aux efforts continus des chercheurs burkinabè, le Burkina Faso se positionne comme un acteur clé dans l’innovation et la recherche en pharmacogénomique appliquée à la lutte contre le paludisme.
La lutte contre le paludisme continue, et chaque avancée scientifique nous rapproche de son éradication